Éclipse solaire partielle du 29 mars 2025

Une éclipse de Soleil, c’est un grand évènement…

Tout le monde, enfin, en tout cas ceux qui étaient déjà nés, se souvient de la fameuse éclipse de 1999 à Fécamp. À défaut, tout le monde a en tête les images de la couronne solaire vue aux infos lors des éclipses visibles à l’étranger.

De même, qui ne pense pas à Tintin, ligoté sur son bûcher, pendant une éclipse totale, après avoir découvert le temple du Soleil.

Effectivement, c’est un évènement notable qui interpelle beaucoup de monde, mais une éclipse partielle à 30 %, ça vaut le coup ? Ou c’est juste une éclipse totale en solde ?

Alors, le 29 mars au réveil, la bonne humeur est de rigueur : c’est Samedi, le temps est beau et il y a l’éclipse. Le ciel est prometteur : bleu avec de gros nuages blancs épars, pas de quoi effrayer un Normand. Alors allons voir ce que donne cette éclipse…

À l’arrivée à la côte 112, il y a pas mal de monde, une bonne vingtaine de personnes, pour presque dix instruments, principalement des astronomes. Les instruments sont très variés autant en diamètre, qu’en mode de filtrage solaire ou en rendu.

On a des lunettes de 60 à 100 mm, un téléobjectif (pour Jeanne), des newtons filtrés par feuille astrosolar ou par filtre verre de 100 mm à 254 mm (pour Anne, Lilian et Olivier) et des instruments dédiés : une petite lunette de 40 mm blanche pétante sur une monture mono-bras azimutale surdimensionnée (pour Nicolas) et un doublet impressionnant de lunettes filtrés Halpha connectés à deux caméras connectés à deux écrans, au bout desquels est connecté Yvan !

Et pour ceux pour qui Soleil rime avant tout avec confort, les lunettes de hiboux (animal diurne par excellence …) solaires sur monture chaise longue.

D’habitude, on tente de profiter un maximum du diamètre de nos instruments mais aujourd’hui chacun a fait preuve d’ingéniosité pour diaphragmer ou obturer son instrument… y sont fous ces Normands… La palme pour Olivier qui a disposé une feuille astrosolar devant son newton en réalisant un cadre circulaire dont les bords sont disproportionnés entamant généreusement le diamètre d’ouverture. Du scotch noir a même été disposé sur les points douteux…

On a remarqué également deux lunettes dont leurs propriétaires se cachent sous une couverture ou un tissu noir : des photographes qui vont immortaliser l’évènement avec leur APN (Bernard et Christian) à la manière des premiers photographes.

Les instruments sont tous pointés sur la star du jour qui frime pas mal avec ce ciel bleu. Les observateurs discutent en jetant un œil discret à leur instrument, quand un « Ça commence ! » est lâché : Les choses sérieuses commencent. Tout le monde à son poste d’observation : effectivement la Lune commence à grignoter discrètement le Soleil. Elle est fourbe car on ne l’a pas vue venir celle-là, elle n’était pas là 5 minutes avant, c’est certain 😉

Alors ça donne quoi en observation cette éclipse bon marché ? Le phénomène durant quand même plus de deux heures, on a loisir de faire le tour de tous les instruments :

– Dans une lunette avec feuille astrosolar, le Soleil est un disque blanc, une sorte de boule de neige froide, et la Lune un petit disque noir. En bonus, une tâche solaire est visible et apporte un petit peu plus, une petite dimension en plus.

– Dans un newton avec feuille astrosolar, le spectacle est le même mais le grossissement rend la vision plus immersive et la tâche présente des détails, une granularité. Le spectacle est très sympa.

– Dans un newton avec filtre verre, petit étonnement, car ça aurait pu être la même chose. Et bien non ! le Soleil est cette fois orange et offre un rendu plus chaud. C’est plus conforme à la grosse boule de feu qu’on imagine et qu’on ressent d’ailleurs car il chauffe le bougre et on n’a vraiment pas envie de se mettre à l’ombre.

– Du côté de l’installation d’Yvan, c’est une vision double :

– Sur le premier écran, on a une vision similaire à celle obtenue avec feuille astrosolar. Avec un Soleil blanc, un disque de lune noire et la tâche sombre.

– Sur le second écran, on observe une vraie boule de feu orange, sur toute la surface et en bonus de petites protubérances et la Lune noire évidemment. Encore une vision différente et très sympa de cette éclipse.

De temps à autres, un gros nuage blanc éclipse l’éclipse… Du coup, les observateurs lèvent la tête et pratiquent leur seconde passion après l’astronomie : ils parlent de matériels d’astronomie ! On est en droit de se demander, du coup, si ces nuages ne sont pas l’œuvre des grandes marques astronomiques : « Cet intermède nuageux vous est offert par Skywatcher, Célestron, et autres … ».

La pause ne dure pas plus de 5 minutes et l’éclipse est de nouveau visible dans les oculaires/caméras. Le grignotage de la Lune progresse.

Tiens ! Pourquoi ne pas enfin jeter un œil à cette micro lunette de 40 mm qui ne paie pas de mine. Ça fera plaisir à Nicolas, le pauvre, son instrument, est le plus petit de ceux déployés aujourd’hui.

Et bien, gros étonnement à l’oculaire ! Le Soleil éclipsé est pourpre, contrasté avec des protubérances sur la couronne. La même chose que sur l’ écran d’Yvan en vision directe. De l’avis de la majorité, habituée ou pas, cette lunette de 40 mm mérite le podium pour l’observation. On y revient souvent et comme, en plus, le suivi est bon, le Soleil est toujours pile au centre.

Après deux heures, le Soleil a repris possession de l’intégralité de son disque et la Lune s’est éclipsée.

C’est alors que les participants se rassemblent autour d’une table de camping pour partager un moment de convivialité et partager de l’andouillette (symbole du disque solaire probablement) en buvant de la Sangria (boisson indéniablement associée au Soleil …). Alors cérémonie païenne pour célébrer l’évènement ou simple apéro entre astronomes ? Finalement cette éclipse en solde c’était une super affaire ! Le spectacle valait vraiment le coup, la variété et la qualité des instruments apportaient un réel plus et l’ambiance était chaleureuse.

À n’en pas douter, un moment mémorable, tout comme les coups de Soleil pour certains. Et oui ! Rester face au Soleil avec un ciel bleu et un petit vent, tout juste rafraîchissant, ça laisse des traces, on se fait avoir tous les ans.

Quelques jours plus tard, cerise sur le gâteau, les photographes ont « développé » leurs photos et envoient leurs chapelets et animations, histoire de prolonger et garder un souvenir de l’évènement.

Alors c’est quand la prochaine ? Totale, faut pas rêver, mais on en demande pas tant, une partielle c’est bien aussi, y a juste pas le coq qui chante finalement 😉

P.S : pour ceux qui ont raté l’évènement, tapez « éclipse solaire » dans Google, une surprise vous attend (ce n’est pas une blague).

Texte de Samuel D. – 1er chapelet de Christian B. – 2nd chapelet de Jeanne B.

Soirée d’observation du 03/01/2025

À l’initiative de Pascal, nous nous sommes réunis pour une soirée d’observation ce vendredi 3 janvier. La météo était incertaine et on annonçait des températures proches de 0°C. La journée avait été ensoleillée mais le début de soirée se dégradait avec l’arrivée de nappes nuageuses par l’Ouest. Finalement, le flux Nord s’est imposé et nous avons pu profiter d’un ciel bien dégagé pour notre 1ère soirée d’observation de 2025.

Je suis arrivé le 1er dès 20h30, suivi de près par Marlène, nouvelle adhérente venue nous rencontrer accompagnée d’Alain, son père. Nous observons furtivement le rapprochement Lune-Venus à travers les nuages avant que le fin croissant ne disparaisse au couchant.

Le groupe s’agrandit rapidement, nous finissons par être 16 pour 8 instruments. Parmi nous, il y a 6 nouveaux adhérents. C’est toujours un grand plaisir de les accueillir et de partager notre passion. J’aime particulièrement assister à l’émerveillement des premières fois qui me paraissent déjà si loin.

Myrtille, jeune adhérente d’une dizaine d’années, est venue avec sa maman et son tout nouveau Dobson 150/1200 Skyliner qu’elle a réussi à prendre en main très rapidement. Le pointage et le suivi ont été assimilés sans difficulté par cette astronome en herbe. Elle a assurément choisi un très bon instrument pour débuter et le gardera longtemps après car c’est le genre de matériel qui peut nous accompagner tout au long d’une vie. J’ai été bluffé par la qualité de ce tube dans lequel j’ai pu contempler la nébuleuse d’Orion, Mars, Jupiter et le double amas de Persée.

Nous accueillons aussi Eric et Anthony qui nous ont accompagnés tout au long de cette soirée glaciale. L’occasion de revisiter les grands classiques du ciel d’hiver avec eux, notamment par la voie de Pascal, notre président, qui nous présente le ciel avec son pointeur laser.

Mon petit challenge de la soirée : trouver Uranus. Je monte l’ES 82° 6,7mm sur mon Dobson 250. Un petit coup d’œil sur l’appli Sky Safari pour voir sa position et identifier quelques étoiles repères. Je dessine dans ma tête une constellation éphémère : la charpente ? J’aligne alors mon pointeur sur sa position théorique et bingo, Uranus est trouvée en à peine 10 secondes… Elle est bien repérable à fort grossissement par son aspect bleuté et son tout petit disque apparent qui la différencie des étoiles alentours. Nous faisons trop souvent l’erreur de chercher des objets à faible grossissement en prenant le risque de passer à coté de nos cibles sans même les voir.

Le temps d’une petite pause pour grignoter et discuter autour d’une boisson chaude puis nous retournons à nos observations.

Le froid aura raison des nouveaux venus les uns après les autres. Les plus anciens savent qu’il faut multiplier les couches de vêtements et bien s’isoler du sol.

Damien, notre collectionneur, a d’ailleurs investi dans de beaux après-ski (copieur 😜). Mais ce n’est pas tout, il a aussi apporté sa tête binoculaire Maxbright II. Un bien joli jouet accompagné d’un correcteur Siebert 1,3x et d’une collection impressionnante de Plössl Clavé fabriqués en France dès les années 60. Nous montons tout ce petit monde sur mon Dobson mais il manque 1cm de tirage pour pouvoir faire la mise au point. Il suffira de tricher un peu en ressortant légèrement la bino du porte oculaire et de bien verrouiller l’ensemble.

Nous enchaînons alors les cibles. Tout le monde veut jeter un œil et c’est bien normal, c’est un vrai régal. La vision binoculaire apporte un réel confort sur les objets bien visibles. Il faudrait tester ce montage sur des objets moins lumineux mais ce sera pour une autre fois, nous sommes trop proches de Caen ce soir pour nous permettre de le faire dans des conditions idéales.

Plus tard, nous combinons le tout nouvel ES 82° 14mm de Pascal avec le mien sur la bino. Nous arrivons à un grossissement de 111x (proche du 0,5D) et gagnons en champs après avoir utilisé les Clavé. Explosion de rétine ! Nous sommes forcés de constater que les oculaires ont su grandement s’améliorer au fil du temps !

Nous redécouvrons les cibles de la soirée M42, Mars, M79…. Mais la reine de la soirée, c’est Jupiter. Elle n’a jamais été aussi haute dans le ciel depuis 11 ans ! La grande tache rouge nous fait l’honneur de sa présence en plein milieu de la bande sud avec une définition que je n’avais jamais connu auparavant. On distingue bien les différentes teintes entre le cœur et la périphérie de cet anticyclone. On aperçoit aussi tellement de détails sur les bandes nuageuses, au point de pouvoir compter les circonvolutions qui les composent, c’est bluffant ! Quand toute la chaîne optique est bonne, de la collimation aux conditions climatiques, en s’appuyant sur du très bon matériel, le résultat devient somptueux. Nous avons assurément passé une très bonne soirée ! Il va maintenant falloir résister (ou pas 😅) à l’envie de s’acheter une bonne bino et de doubler sa gamme d’oculaire…

Nous avons profité pendant 4h d’un ciel bien dégagé et parsemé d’étoiles filantes. Il est 1h15, le moment est venu de remballer pour les derniers résistants. Nous mettons les voitures à chauffer pendant le repli car elles sont autant recouvertes de givre que nos instruments. La soirée se termine par un court debriefing avant de rentrer se mettre au chaud.

L’année aura bien commencé, espérons que la météo à venir soit meilleure qu’en 2024. J’en profite d’ailleurs pour vous souhaiter mes meilleurs vœux pour 2025 et que vos nuits soient étoilées !

Rendez-vous le week-end prochain pour partager la galette. Avec un peu de chance, ce sera aussi l’occasion de récupérer vos vestes aux couleurs de l’Astroclub de la Girafe.

Olivier