Une soirée astro la veille du solstice d’été, quelle drôle d’idée ? Le crépuscule est interminable et la nuit absente à cette période de l’année. Comme la météo était favorable, le rendez-vous a été donné à partir de 23 H 00 ou avant à la côte 112 sur les hauteurs d’Esquay-Notre-Dame. Le choix de ce site d’observation a été préféré à celui de Banneville, car il est moins éloigné, et qu’en fin de semaine après une journée de travail, c’est sûrement plus préférable pour faire venir un maximum d’observateurs. D’autant plus que le fond du ciel n’est pas totalement noir en seconde quinzaine de juin même au fin fond de la campagne.
Lorsque je suis arrivé sur le site vers 22 H 45, les gendarmes étaient en train de verbaliser un contrevenant : Ouf, ce n’était pas un girafon. Laurent était déjà arrivé et avait commencé à sortir son 400. Après s’être salué, il m’avait fait part de ses craintes que nous ne soyons que tous les deux à cette soirée astro. Tant-pis si cela avait été le cas, cela ne nous aurait pas empêché d’observer. Lorsqu’à mon tour j’ai sorti mon matériel, visite des gendarmes intrigués par notre présence. Ils n’étaient pas au courant de nos activités astro, leurs collègues de la brigade d’Evrecy ne les avaient pas mis au courant. Nous les avions invité à revenir plus tard pour partager nos observations, ils étaient donc repartis rassuré.
Au tour d’Olivier d’arriver les « mains dans les poches » mais accompagné de sa filleule. Puis Grégory un nouvel adhérent accompagné de sa petite famille et enfin Christophe B avec son Dobson 250 de fabrication artisanal en attendant son futur 400 dont le miroir est en cour de polissage. C’était parfait, nous étions assez nombreux pour passer une belle soirée d’observation. Nous avons eu tout notre temps pour monter et régler nos télescopes, papoter et échanger en attendant que les premières étoiles apparaissent dans le bleu du ciel. Arcturus du Bouvier et Véga de la Lyre nous ont permis d’initialiser les assistances aux pointages de nos deux 400, puis direction du joyau du ciel de l’été : M13 l’amas d’Hercule. Bof, il était palot et dilué dans le bleu du ciel. Il a fallut attendre après minuit pour que le ciel soit suffisamment noir et là M13 était de toute beauté, rien que pour cet objet, le déplacement en valait la peine. Nous avons alors pu commencer un tour des plus beaux objets du ciel profond, mais le ciel était brumeux uniquement vers le couchant sur une petite trentaine de degrés, nous n’avons pas eu l’occasion d’observer une dernière fois les objets du printemps.
Au mois de juin la constellation du Scorpion passe au méridien en milieu de nuit, c’est alors le meilleur moment de l’année pour tenter d’observer dans les meilleures conditions possibles l’amas globulaire M4. Situé juste à coté d’Antarès, c’est une cible facile à pointer, et dans les 400, il ressemblait plus à un amas ouvert que globulaire, sûrement à cause de l’atmosphère terrestre qui est plus « épaisse » au niveau de l’horizon et qui éteint de nombreuses étoiles de l’amas.
Puisqu’on y était, direction les Nébuleuses de la Lagune M8 et Trifide M20 dans le Sagittaire, elles étaient bien visibles mais rien de spectaculaire, la Normandie n’est pas favorable à leur observation. Si la constellation de la Lyre est bien connue pour sa nébuleuse planétaire M57 et sa double-double, elle recèle aussi petit amas globulaire M56 que nous avons aussi pu apprécier. Presque au zénith trônait la nébuleuse du Tourbillon M51 que je me suis empressé de la pointer, et là belle surprise, elle était bien visible avec des nébulosités autour des deux noyaux galactiques, laissant deviner des bras spiraux autour de la plus grande, un vrai plaisir à observer.
La Voie Lactée était bien visible avec sa séparation, un bras allant vers le Scorpion et l’autre vers le Sagittaire. En plus des grands classiques comme Dumbell M27, le petit amas d’Hercule M92 ou encore l’amas ouvert du Hibou NGC457 et j’en oublie, nous avons observé M17 la Nébuleuse Oméga ou du Cygne, M11 l’amas du canard sauvage qui erreur de traduction ressemble plus à un vol de canards sauvages en forme de V plutôt qu’à un seul canard. Et défi de notre part, nous avons tenté d’apercevoir la nébuleuse de l’Aigle qui entoure l’amas ouvert M16. Si nous avons bien vu l’amas d’étoiles, aucune trace de la nébuleuse, il faudra attendre que la nuit noire revienne pour retenter cet objet. Christophe nous a montré entre-autres la dentelle du Cygne dans son 250 muni d’un filtre anti-pollution lumineuse, tandis que Grégory était très satisfait des nombreux objets qu’il avait pu pointer et observer pour la première fois dans son 150/750 sur monture AZ4.
Nous n’allions pas nous quitter sans la traditionnelle collation, le jus de pomme frais avait remplacé la tisane chaude, sans oublier les petits gâteaux. Les températures étaient toujours aussi douces et nous étions toujours en tee-shirt, aucune rosée sur les instruments, nous avons donc décidé de continuer les observations jusqu’à ce que la fatigue nous ait gagnée, et nous avons donc rangé le matériel. Alors qui peut dire désormais qu’organiser une soirée astro la veille du solstice d’été est une drôle d’idée…